Alors que Madame et les filles sont à la sieste, je peux enfin m’arrêter et écrire plus que quelques mots ou quelques messages WhatsApp. Je me pose, café et galettes à côté, et me mets à écrire en mode nomade. En effet, pour cet expérience camping car, tout en économie et en légèreté, pas d’ordi, seulement un iPad, un clavier, que je suis vraiment content d’avoir emporté, mes boîtiers Fuji et quelques objectifs.
Nous en sommes presque à une semaine de séjour dans notre maison roulante, suffisamment pour avoir de quoi en parler, pas trop pour avoir tellement automatisé les changements qu’on ne s’en rend plus compte.
C’est assez étonnant de voir comme le camping car peut être à deux extrêmes des styles de vie : ceux qui prennent ce mode de transport, voire de vie, comme une expérience minimaliste et, à l’opposé, ceux qui sillonnent les routes à la belle saison avec leur camion excellemment bien équipé, peut-être encore mieux que leur maison !
Nous avons fait le choix, pour nos 10 jours en famille qui en deviennent 12, de lorgner du côté minimaliste, tout en gardant un niveau de vie acceptable : nous sommes en pause professionnelle pour 2 semaines et devons être d’attaque ensuite, Madame est enceinte (6e mois). Nous avons donc opté pour un « minimum élargi » : suffisamment de vêtements pour la durée prévue du séjour ainsi que les combinaisons d’hiver et les maillots de bain – que nous avons déjà utilisés durant cette première semaine – les ustensiles de cuisine habituels – mais pas le micro-ondes, il ne faut quand même pas exagérer – quelques épices mais pas toute la panoplie de Madame, des jeux de société, un minimum d’équipements électroniques (iPhone et iPad pour chaque adulte & un disque dur de sauvegarde pour cartes SD, contenant également des vidéos en cas de pluie prolongée).
Utilisation des ressources
On n’y pense plus dans nos villes – et campagnes – occidentales dans lesquelles nous avons tout en illimité : eau, électricité, internet, toilettes, égoûts,… Dans le camping car, plus rien d’automatique, tout se calcule, se paie, se remplace manuellement.
L’eau par exemple, denrée précieuse pour la boire, mais également pour la cuisine, pour se laver les mains, pour tirer la chasse d’eau, pour se brosser les dents. Les 4 premiers jours ont été vécus sans eau courante à cause d’une fuite à un robinet, nous avons d’autant plus vu l’importance de l’économiser, de compter presque toutes les gouttes… Est-ce vraiment nécessaire de tirer la chasse d’eau après un petit pipi, ou fermer la toilette sera-t-il suffisant ? Faut-il vraiment utiliser du savon et rincer la vaisselle ou simplement laver à l’eau claire ? Autant de questions à réfléchir en fonction des circonstances : réservoir plein ou presque vide, possibilité de remplissage à court, moyen ou long terme…
Et l’électricité ? Si les lumières, le frigo, la cuisinière sont gérés automatiquement (batteries et bonbonne de gaz), nos divers appareils personnels sont à gérer en fonction de l’électricité disponible. C’est très simple : on ne peut recharger sur l’allume-cigare qu’en roulant et au 220V que connecté au réseau dans un camping. Vu que l’on ne veut pas utiliser cette seconde solution et ses contraintes, chaque bout de route transforme notre camping car en centrale électrique : les téléphones et les batteries des appareils photos via un transformateur 12/220V acheté pour notre premier voyage en camping car (2009, en Norvège pour notre voyage de noces).
En ce qui concerne le gaz, qui nous permet de cuisiner, de chauffer la maison et l’eau, ainsi que l’alimenter le frigo lorsqu’on est arrêté, c’est peut-être l’élément le plus simple : il y a deux bonbonnes, il faut passer de l’une à l’autre lorsque que la première est vide, et remplacer la vide avant que la seconde le soit également. Plutôt simple et sans danger… sauf que lorsque la première est vide le samedi soir, qu’il neige à gros flocons, qu’il fait nuit, que la température approche les 0° C et que ça ne fait que quelques dizaines d’heures qu’on est parti : on espère bien ne pas devoir renouveler l’opération trop rapidement. Heureusement, le gaz se trouve facilement dans les stations service, ouvertes même le dimanche et les jours fériés.
Une chose encore : le système d’égoût… ou plutôt son absence. Les eaux usées sont regroupées en 2 réservoirs : les eaux grises qui proviennent des lavabos et les eaux noires qui sont récoltées dans les toilettes chimiques. Si les premières peuvent être vidées dans n’importe quelle grille d’égoût – et non pas de récupération d’eau de pluie, parfois la différence est difficile à voir sur le terrain – les eaux des toilettes doivent être vidangées dans des dispositifs prévus à cet effet… pas toujours évidents à trouver. Quoique nous avons eu plusieurs fois la surprise de trouver sur notre chemin ces dispositifs qui n’étaient pas signalés. C’est toujours une bonne surprise.
En utilisant les ressources selon nos besoins « réels », nous avons dû vidanger et remplir les réservoirs toutes les 24 à 36 heures.
Un petit truc… L’ère numérique est aussi passée par le monde du camping car. Via une application dédiée – nous utilisons park4night – on peut trouver rapidement un lieu de repos, avec ou sans service. Il est donc plus facile de planifier son itinéraire en passant par une borne de service – eurorelais ou artisanale – et effectuer les services nécessaires.
Ce qu’on y fait… pas
Partir en camping car, c’est vivre des vacances pas comme les autres, il y a les avantages, les inconvénients… et les différences !
Au niveau avantage
- On s’arrête quand on veut, où on veut, comme on veut… ou presque, parce que parfois, ça devient un stress de trouver un lieu de bonne qualité pour la nuit mais comme nous sommes en – très – basse saison, on n’en a jamais vus qui soient pleins.
- Pas de réservation, liberté assurée, changement de destination possible à chaque instant… en tenant compte des obligations du mode de vie.
- De splendides paysages à chaque réveil, en fonction de ce qui a été trouvé la veille. Pour l’instant, on peut dire que l’on a plutôt réussi.
- La joie et l’obligation de passer du temps, beaucoup de temps, ensemble, de se frotter sans pouvoir fuir, de se supporter, de s’entraider, de s’accepter, de s’énerver, de se réconcilier, de s’aimer…
- Du temps dehors, peut-être moins qu’en camping mais bien plus qu’en mode sédentaire.
- La possibilité de se rendre dans des endroits où on n’irait jamais si on ne peut s’y rendre en plusieurs étapes, comme la région du Toggenburg dans laquelle nous sommes.
Au niveau inconvénients
- Le contraire de ci-dessus : on n’est jamais arrivé, on peut se poser un jour ou deux mais il faut ensuite se remettre en chasse des éléments vitaux.
- L’espace est quand même relativement petit, on ne peut pas envoyer les filles dans leur chambre, c’est difficile d’aller dans sa grotte,… en bref, on est condamné à vivre tous ensemble toute la journée… et cela devient un avantage.
- Les contraintes des ressources et des déchets
- L’obligation de prendre sa maison partout où on va, à moins d’avoir emporté des vélos
Les différences…
Il y a une mentalité qui s’installe, celle d’aller plus lentement, de « perdre » beaucoup de temps, de prendre le temps de faire les choses et de ne pas laisser traîner ou remettre au lendemain : imaginez laisser traîner les affaires de 4 personnes ou leur vaisselle dans 12 mètres carrés !
Il y a la redécouverte des joies simples : un beau paysage, un petit gâteau ou une glace sur la route – on est en vacances quand même ! – une plaine de jeux à côté de la place pour la nuit, une route détournée qui offre une vue superbe – ouf on est arrivé en haut malgré la pente et l’étroitesse de la route !
Et puis, il y a toutes ces choses que l’on ne fait pas, que l’on oublie pour un moment :
- Développer les photos, plus qu’avec une application mobile
- Régler ses facturer, faire sa comptabilité, répondre aux mails, …
- Nettoyer (en fait on le fait tout le temps, c’est vite fait, donc on ne s’en rend plus compte)
- Passer du temps devant la télévision, sur internet, sur Youtube ou les réseaux sociaux… d’autant plus que par « sécurité », nous avons choisi de rester en contact via WhatsApp et ne rien publier de notre itinéraire sur les réseaux sociaux… histoire de ne pas indiquer aux délinquants une bonne adresse de self-service. Par contre, lors de notre retour, il y aura quantité de publications : photos sur Facebook et Instagram, sur Flickr et 500px, billets sur le blog, photos dans les albums, … de quoi laisser des traces
Bon, la sieste touche à sa fin, la pluie a cessé, ce sera le moment de reprendre la route… A bientôt !
Ce billet se veut un peu notre parodie familiale de l’excellente chaîne vidéo « Ma vie en van » que les filles ont adoptée – papa aussi – et dans laquelle Florent raconte sa vie de célibataire dans son van, sillonnant le Canada et les États-Unis.