Vivre avec la canicule

Publié le 24 Août 2023
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J’ai l’habitude de dire que jusqu’à 25, je vis bien, ensuite, c’est ma femme qui apprécie.

Nul besoin d’ajouter que d’envisager de vivre une rentrée scolaire sous la canicule, de plus dans un bâtiment mal isolé et orienté plein est ne me réjouissait guère… et c’est peu dire. À vrai dire, cela me charge, lourdement presque jusqu’à l’angoisse. J’ai des tendances à la claustrophobie : avec la chaleur, je me sens enfermé partout, même dehors, à l’air libre… Autant tout faire pour ne pas y penser !

À la maison, on s’organise, on change de pièce en fonction du soleil, on met des ventilateurs, on choisit ses activités. Au travail, c’est souvent impossible : le local est assigné, les horaires de travail aussi. On peut bien naviguer entre différents endroits plus ou moins chauds ou frais, mais avec 20 élèves qui vous suivent, ce n’est pas toujours évident :

  • un travail de groupes dans le couloir, bien frais au moins le premier jour… parce qu’à force d’aérer et de mélanger les masses d’air, tous les espaces deviennent irrémédiablement de plus en plus chauds.
  • un temps de préparation de l’agenda dans la classe, avec une température qui n’évolue plus une fois les 31° atteints
  • un temps de discussion sur les préférences de chacun à la cave… le privilège de s’occuper de l’économat ! Attention au courant d’air chaud en remontant !

Après 24 heures à ce régime, les chaleurs sont déjà élevées dans tous les espaces dès le matin, avec 28-29 à 7 h 30 et, heureusement, pas plus de 31 en fin d’après-midi, malgré le soleil qui a tapé fort toute la matinée.

Alors on boit – à défaut de danser ! – et on va aux toilettes ! Toutes les 45 minutes environ, c’est la pause boisson, remplissage de bouteille – on n’a pas de lavabo en classe – et toilettes. C’est un peu comme la Covid, mais différemment. On s’y fait, on prend l’habitude… et cela ne nous manquera pas quand ce sera terminé !

Cela se porte aussi sur le moral. Il y a de la pression mentale supplémentaire : comment vivre la journée en diminuant les efforts, en limitant les déplacements, en utilisant au mieux les – quelques – espaces disponibles ?

Quand vient 16 heures, une autre angoisse monte : comment rentrer à la maison ? Les températures extérieures ont largement dépassé les 30°, je ne suis pas seulement loin de ma zone de confort, je suis pleinement dans ma zone d’inconfort ! Et que dire des lieux de villégiature qui ont atteint et dépassé les 40° cet été ? J’en discutais avec la maman de Mélanie (prénom d’emprunt) hier : « Les activités sont toutes différentes, me disait-elle. On ne fait rien !»

Alors, pour rentrer chez moi, je choisis minutieusement l’itinéraire en fonction de l’ombre. 30 secondes au soleil et j’ai déjà l’impression d’être brûlé au moins au 2ᵉ degré ! À 16 h, il y a nettement moins de rues ombragées qu’à 17 h sur mon parcours. Puis, arrive le Saint-Graal : le train, climatisé, presque trop ! On reprend un coup d’air bouillant en sortant… avant de monter dans le bus. Ces jours, je ne marche pas – au soleil – jusqu’à la maison, tant pis pour le nombre de pas !

Cela devait durer jusqu’à jeudi, ça continuera peut-être jusqu’à samedi… Finalement, on s’y fait, après quelques minutes dans une salle à 30° C, on s’habitue. Mais c’est largement plus vivable avec le petit ventilateur que ma collègue laisse en classe et dont j’use et abuse tout au long de la journée. Le deuxième jour est moins pénible que le premier… surtout quand un tout petit vent se lève en fin de journée, récompensant tous nos efforts pour créer des courants d’air.

La rentrée 2023, on s’en souviendra. Vivement la semaine prochaine pour se mettre au travail de manière plus régulière… et faire tout ce qu’on n’a pas fait cette semaine. Parce qu’il faut bien le dire : avec des températures pareilles, auxquelles on n’est pas habitué, la fatigue s’installe et, comme j’en convenais avec un collègue, à 16 h, on n’a plus que la moitié de nos neurones ! J’avais prévu une semaine de rentrée spéciale, centrée sur la raison d’être et le bénéfice que l’on peut retirer de l’école pour son projet de vie… heureusement !

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